La myopie chez l’enfant : un enjeu de santé publique croissant
La myopie est un trouble de la vision de plus en plus fréquent dans le monde, en particulier chez les enfants. L’Organisation mondiale de la santé estime qu’en 2050, la moitié de la population mondiale pourrait être myope. En cause : le temps excessif passé en vision de près, le manque d’exposition à la lumière naturelle et la génétique.
Au-delà du besoin de lunettes, une myopie qui évolue rapidement peut augmenter le risque de complications à l’âge adulte, telles que le décollement de rétine, la maculopathie myopique ou le glaucome. D’où l’importance d’agir précocement pour ralentir sa progression.
Une solution non invasive : les verres freinateurs
Parmi les approches disponibles, les verres ophtalmiques dits « freinateurs » représentent une solution récente et prometteuse. Il s’agit de verres correcteurs spécifiques destinés aux enfants myopes, conçus non seulement pour corriger la vision, mais aussi pour ralentir l’évolution de la myopie.
Ces verres sont portés comme des lunettes classiques, toute la journée. Contrairement aux verres standard, ils agissent également sur la périphérie de l’image rétinienne, ce qui permet de limiter le signal de croissance du globe oculaire à l’origine de l’aggravation de la myopie.
Comment fonctionnent-ils exactement ?
Les verres freinateurs intègrent une technologie optique avancée. Deux modèles sont aujourd’hui largement utilisés :
- Le verre Stellest® (Essilor) : il utilise une technologie appelée H.A.L.T.™ (Highly Aspherical Lenslet Target), composée d’une multitude de petites zones asphériques périphériques autour de la zone centrale de vision.


- Le verre Miyosmart® (Hoya) : basé sur une technologie appelée D.I.M.S.® (Defocus Incorporated Multiple Segments), intégrant une couronne de segments défocalisants autour de la zone de vision nette.


Le principe commun est de créer une défocalisation myopique périphérique, tout en conservant une vision centrale nette. Ce signal optique freine l’élongation de l’œil, donc la progression de la myopie.
Quelle efficacité ?
Les études cliniques ont montré que ces verres permettent de ralentir la progression de la myopie de 60 à 67 % en moyenne par rapport à des verres classiques. Leur efficacité est d’autant plus marquée lorsque :
- L’enfant est jeune (6 à 10 ans),
- La myopie est récente,
- Le port est régulier (au moins 12 heures par jour),
- L’exposition à la lumière naturelle est suffisante.
Ils ne permettent pas de faire régresser la myopie, mais bien d’en limiter l’aggravation, ce qui est essentiel pour préserver la santé visuelle à long terme.
Pour quels enfants sont-ils indiqués ?
Les verres freinateurs s’adressent aux enfants atteints de myopie évolutive, c’est-à-dire dont la correction augmente d’au moins -0,50 dioptrie par an. Leur prescription est envisagée à partir de l’âge de 6 ans environ, après un examen complet chez l’ophtalmologiste.
Ces verres peuvent être proposés seuls ou en association avec d’autres approches, comme :
- Les collyres d’atropine faiblement dosée (0,01 %),
- Les mesures hygiéno-diététiques (plus de lumière naturelle, moins d’écrans, pauses régulières en vision de près).
Ce qu’il faut savoir avant de les adopter
- Leur port doit être quotidien, toute la journée, comme des lunettes classiques.
- L’enfant ne perçoit pas de différence notable en termes de confort ou de qualité visuelle.
- Le coût de ces verres est plus élevé que les verres classiques, mais certaines mutuelles les prennent partiellement en charge.
- Leur efficacité est évaluée sur le temps : un suivi régulier est essentiel pour ajuster la correction et évaluer les résultats.
En résumé
Les verres freinateurs de la myopie constituent une avancée majeure dans la prise en charge des enfants myopes.
Simples à porter, non invasifs et bien tolérés, ils permettent de ralentir significativement l’évolution de la myopie lorsqu’ils sont prescrits précocement et portés régulièrement.
Un suivi ophtalmologique régulier est indispensable pour suivre l’évolution et adapter la stratégie si besoin.